Journal n°163 du 28 sept au 10 oct 2019

Promouvoir la participation démocratique dans le monde du travail

image-8.jpg«Les institutions démocratiques helvétiques sont reconnues à l’échelle internationale. Et pourtant, sur les lieux de travail, on observe un important déficit de la participation. Les salariés éprouvent de plus en plus de difficultés à s’exprimer.» Tel est le constat d’Aris Martinelli, assistant à l’Institut de démographie et socioéconomie (Ideso). Cette situation paradoxale conduit à ce que notre pays soit parmi les trois États européens à figurer sur la liste noire de l’Organisation internationale du travail (OIT) en raison de violations des droits syndicaux.

Afin d’examiner la participation démocratique au travail sous tous ses angles, l’Ideso et le Département de sociologie organisent, début octobre à Uni Mail, un cycle de conférences, en partenariat avec l’OIT et l’Université de Fribourg. Originalité de la démarche: les transformations auxquelles le marché de l’emploi est actuellement confronté y sont analysées de manière systémique. Cette approche prend en compte non seulement les nouvelles formes d’emploi à l’aune de la croissance numérique, mais aussi le développement humain ainsi que la crise environnementale. Donnée par un expert, chaque conférence sera suivie d’une table ronde, mêlant membres de la société civile et représentants des salariés, des employeurs et du monde académique. 

La majorité de la population active est de facto exclue de l’exercice des droits démocratiques sur la place de travail

La question du salaire décent et de son lien avec la cohésion sociale ouvrira le cycle. «Pilier de la constitution de l’OIT en 1919, cette problématique est toujours d’actualité, affirme Aris Martinelli. Le nombre de salariés ne cesse d’augmenter, et il s’agit d’une population très fragmentée». Le chômage touche 190 millions de personnes de par le monde, 2 milliards de personnes y occupent un emploi informel, 40 millions de travailleurs sont par ailleurs victimes d’esclavage moderne. Au total, la majorité de la population active est de facto exclue de l’exercice des droits démocratiques sur la place de travail. Esquisser des pistes pour promouvoir un développement favorisant la participation des populations les plus vulnérables est l’un des objectifs clés de la soirée.

La deuxième conférence se focalisera sur les enjeux posés par la numérisation du travail. «La logique de l’économie de plateforme menace les droits sociaux acquis par les salariés, regrette Aris Martinelli. Des formes de travail qu’on pensait appartenir au XIXe siècle refont surface.» Les intervenants chercheront à faire émerger des propositions pour exploiter le potentiel de la croissance numérique en faveur d’un accroissement du développement humain.

Quant à la troisième conférence, elle sera consacrée à la notion de justice environnementale. «La crise climatique exacerbe en effet les inégalités sociales déjà existantes, les pays les plus pauvres étant les plus touchés, explique Aris Martinelli. Afin de réduire cet impact, il s’agit aujourd’hui de fonder une économie respectueuse des équilibres environnementaux.» En ce sens, l’OIT a d’ailleurs intégré la durabilité environnementale dans son Agenda du travail décent. —

| 1er, 2 et 3 octobre – 18h15 |
The Future of Work: Participatory Democracy in the Making
Uni Mail, salle MS160